Le palais Gallien a traversé les siècles et le peu qui reste de lui nous transporte il y a presque 2000 ans, quand Bordeaux se faisait encore appeler Burdigala.
Avant que les Francs n’envahissent la Gaule vers 275, les Romains habitaient paisiblement à Burdigala. Et comme ce peuple voyait toujours les choses en grand, ils y avaient construit un amphithéâtre.
Palais Gallien de Bordeaux : vestige grandiose peu à peu déchu
Ce monument était en effet au IIè siècle une arène romaine en forme d’ellipse. Suivant les recherches effectuées sur les ruines, on a pu déterminer que l’édifice original mesurait 132m sur 111m. Sa hauteur s’élevait à 25m. Sa capacité était donc d’à peu près 22 000 spectateurs, ce qui était colossal.
Hélas, après l’invasion des Francs, il fut vraisemblablement incendié et laissé à l’abandon. Il devint même au XVIIè siècle le repère de brigands et de filles de joie. On s’en servit également de décharge publique à la fin du XVIIIe. Sa déchéance culmina avec la vente de son terrain par lots pour y construire des maisons. On détruisit alors la plupart des murs qui restaient encore debout. Quel triste destin pour un édifice aussi grandiose et nappé d’histoire… C’est à peu près ce qu’a dû penser Lucien Bonaparte, le ministre de l’intérieur de l’époque, qui exige que les mutilations de l’édifice soient interdites dès 1799. Le sauvetage officiel du Palais Gallien viendra en 1840 quand il est classé Monument historique. Ouf !
L’arène de la fausse reine et du mauvais empereur
Son nom trouve ses origines dans une des pires supercheries de l’histoire du romantisme. En effet, au Moyen âge, la tradition raconte que Galiène, légendaire reine de Bordeaux, était marié à Charlemagne. Ce dernier, fou amoureux de sa femme, lui aurait alors fait construire un fabuleux palais. En 1367, on nomme alors l’édifice, en plein délire de pétales de roses, le Palais Galien ! Le plus cocasse, c’est que même après que cette origine ait été historiquement remise en cause, on a plongé dans une deuxième interprétation erronée ! Il se trouve qu’un empereur romain portait le nom de Gallien. On lui reconnaît donc, au XVIe siècle, la paternité du lieu. Sauf que tout porte à prouver que l’amphithéâtre a été construit plus d’un siècle avant son règne. La plaque de la rue de la Place Galiène s’amuse d’ailleurs de ces mégardes. On peut y lire :
La femme était une chimère, le palais un mythe, l’empereur Gallien un imposteur malgré lui.
Le vrai nom de l’arène restera donc à jamais un mystère.
Vous l’aurez compris, ces ruines qui ont résisté aux millénaires sont chargées d’histoire. Elles ne représentent ni plus ni moins que le plus vieux patrimoine bordelais encore debout. Vous pouvez les visiter librement, ou le faire avec un guide qui vous contera le destin de cet édifice survivant. Hélas, ces visites ne sont pas disponibles en ce moment, mais je vous tiendrai au courant quand cela changera.
Le Palais Gallien de Bordeaux se trouve 126, rue du Docteur Albert Barraud. Vous pouvez vous y rendre en tram D à l’arrêt Fondaudège-Muséum. Le Muséum de Bordeaux et le jardin public sont à quelques centaines de mètres. Il est également à 500m de la Place des Quinconces. Vous pouvez donc très facilement combiner les visites dans ce beau quartier de Bordeaux. Et même y séjourner dans un des nombreux hôtels 4 étoiles du quartier.
Bon voyage dans le temps !
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